Gaz de schiste hilarant – suite

Rire contre le gaz de schiste est une manière d’informer et d’agir qui n’est pas du tout négligeable ni superficielle. Il est parfois plus facile de faire comprendre les choses en souriant. Voici donc le retour du gaz hilarant, après Gaz de schiste, gaz hilarant.

Voici deux vidéos, l’une américaine, l’autre québécoise.
Pour les voir sans aller voir Youtube ou Dailymotion, suivez le guide: Vidéos sans espionnage.
La première vidéo donne tous les éléments de l’affaire du gaz de schiste (arguments pour, arguments contre, promesses et mensonges). La vidéo québécoise est plutôt le résultat de la première.

Puppet Gas, Damascus Citizens

Un chat aux prises avec les arguments, les mensonges, les promesses d’un tigre gazier: marionnettes, animation, musique et bruitages. Tout est très réussi, je trouve.

Vidéo réalisée, en novembre 2010, par l’association de protection de l’environnement Damascus Citizens (Pennsylvanie), qui s’efforce de défendre le bassin versant de la Delaware qui coule, au Nord, entre la Pennsylvanie et l’État de New York.

youtube-dl -f webm https://www.youtube.com/watch?v=VPtwfHVp624

Voici la transcription en français de ce réjouissant dialogue entre le chat et le tigre (ma traduction n’est pas parfaite et vous pouvez l’améliorer):

— Tigre: Alors, ça gaze? Voulez-vous louer votre terrain pour qu’on fasse des forages de gaz? Aujourd’hui, nous sommes en veine de générosité. Si vous êtes le premier à signer, nous vous paierons la somme fabuleuse de 50$ l’hectare.
— Chat: Minute, hein, j’ai entendu dire que c’est des milliers de dollars à l’hectare qu’on donne aux propriétaires terriens pour qu’ils signent. Vous ne seriez pas en train d’essayer de me rouler?
Je vis dans une belle région où l’eau et l’air sont parmi les plus purs de tout le pays. L’exploitation du gaz de schiste ne va pas menacer tout ça?
— T: Ah, vous vivez sur un énorme gisement de gaz. Il faut bien accepter quelques sacrifices.
En plus, on fait juste un p’tit trou dans la terre… on enfonce un p’tit tuyau, on met dedans un peu d’eau et de sable et puis on s’en va… et on vous donne l’argent.
— C: C’est tout? On m’a dit que vous faites un forage de plus d’un kilomètre de profondeur et d’un autre kilomètre sur le côté, et puis dans toutes les directions, que vous injectez des millions de litres d’eau pour chaque puits et que vous la mélangez avec des tonnes de produits toxiques pour provoquer des séismes comme si une bombe explosait dans le sous-sol et qu’il y aura un défilé continuel de poids lourds et plein de bruit et des odeurs infectes et que vous ne partirez jamais et que vous gardez tout l’argent du gaz et que moi je n’aurai presque rien.
— T: Tu ne trouves pas que c’est normal que je récupère tout l’argent que j’ai investi et que je fasse un profit raisonnable avant de te donner de l’argent?
— C: Mais c’est ma terre et c’est mon gaz
— T: Tu ne peux pas avoir ce gaz sans moi
Si tu ne signes pas, on le prendra quand même sous ton terrain, hein, mon vieux… Alors, signe, sinon…
— C: Pas si vite! Est-ce que la fracturation hydraulique ne pollue pas l’eau de millions de gens?
— T: Il n’y a aucun risque… ça n’arrive jamais. C’est parfaitement sans danger. Nous faisons ça depuis des dizaines d’années. Il n’y a pas un seul cas avéré de pollution. Il n’y a aucun risque que la fracturation puisse polluer les couches souterraines et faire remonter à la surface du gaz et des produits chimiques, des substances toxiques et radioactives
— C: Ce n’est pas vrai! Il y a eu des milliers de cas de puits pollués, d’animaux et de gens malades, de pollution de l’air, des puits qui explosent… et des maisons qui explosent.
— T: Tu ne peux rien prouver du tout, p’tit gars. Nous avons obligé les gens touchés par la pollution à signer un contrat leur interdisant de divulguer quoi que ce soit.
Nos publicités à la télé et nos responsables des relations publiques vous disent qu’il n’y aucun risque, donc il n’y a aucun risque.
— C: Je ne crois pas qu’on peut vous faire confiance du tout. Pourquoi avoir fait passer en force l’exemption des lois sur l’eau et sur l’air?
— T: Eh, tu ne veux pas profiter d’un gaz pas cher, propre, naturel, «made in America»? Où est passé ton patriotisme?
— C: C’est bon marché en ce moment simplement parce que vous pompez autant de gaz que vous pouvez avant que le gouvernement se rende compte qu’il faut vous imposer des réglementations.
Propre? des centaines d’allers et venues de camions et les émissions de gazoil, le gaz qui fuit et les produits qui se répandent sur le sol et des impôts pour le contribuable pour nettoyer tout ça et la dévalorisation de la valeur de l’immobilier et le fait que ça nuit à notre économie locale, comme l’agriculture, le tourisme, les ventes de résidences secondaires.
En fait, ce n’est qu’une énergie fossile polluante de plus qui contribuera au réchauffement climatique
Les entreprises achètent tellement de baux que ce n’est pas de l’énergie domestique comme le solaire et le vent qui créent des emplois sur place qui ne peuvent pas être transportés l’étranger. Si tout ce que vous recevez en subventions devait financer les énergies renouvelables, le gaz ne serait plus bon marché
— T: Tu sais quoi? Je pense que tu es un éco-terroriste. Je vais te faire surveiller par la sécurité intérieure et le FBI
[Bagarre]
— C: Au secours! Au secours! Au secours!
Tout ce que je veux, c’est de l’énergie propre, dans un environnement propre. Ça n’est pas à vendre et moi non plus je ne suis pas à vendre… Vous détruisez la démocratie américaine. Fichez le camp d’ici, ouste!
— T: Bon, bon, ça va… j’abandonne, vous êtes plus fort que moi…
Et si je recyclais et que je n’utilisais pas toute cette eau et tous ces produits et que je me mets loin des réserves d’eau potable pour ne pas polluer l’eau ni polluer l’air et si j’étais juste et si je suivais toutes les réglementations et si je ne plaçais pas le profit au-dessus des gens et si j’investissais dans une technologie vraiment propre pour produire de l’énergie?
— C: Vous pourriez-vous faire ça? Vous voudriez bien le faire?
— T: … Noooooon…
[Bagarre]
Bon, bon, d’accord, mon chou, j’ai compris… Et si je te donnais 100$ l’hectare?
— C: Noooooon!!!!

[Note: Après «Get out of here» («Fichez le camp d’ici»), j’entends «I beg you» ou «I dare you» et c’est ce dernier que j’ai rendu par “allez ouste!”. Qu’en dites-vous?] En fait, j’entends un truc comme «I bend you» mais alors là ça n’a plus de sens…

Jean-François Mercier contre le gaz de schiste

Gens ordinaires aux prises avec les gaziers et leur rhétorique, sous la forme d’une confrontation entre un rude bonhomme et André Caillé (président de l’Association pétrolière et gazière du Québec). Merci à typeroi de m’avoir signalé cette vidéo (sur le forum d’Ubuntu-fr). Vidéo d’une émission sur Radio Canada, en janvier 2011.

Selon l’article de Wikipedia, «Jean-François Mercier est un scénariste, acteur, et humoriste québécois». Il est de «la cuvée 1997» de l’École Nationale de l’Humour.

Ça n’est pas en France qu’on aurait une École Nationale de l’Humour. Nous, on a l’École des Mines qui nous vaut le Corps des Mines qui nous vaut les permis de gaz de schiste: Paroles douces de la ministre de l’Écologie.

Au Québec, ils ont l’École Nationale de l’Humour et un gazier qui fut ministre délégué aux Mines du Québec: regardez bien la vidéo (encore Radio Canada) dans l’article Gaz de schiste: sinistre perspective.

Mais place à l’humour «batte de baseball» de Jean-François Mercier (casque de chantier obligatoire). Regardez bien le jeu de mains du gazier tout au long du sketch et vous verrez les jeux de mains de la ministre de l’Écologie d’un autre œil (vidéos dans Douces paroles de la ministre de l’Écologie).

youtube-dl -f webm https://www.dailymotion.com/video/xgdmhg

L’accent de ces comédiens, surtout celui de J-F Mercier, se retrouve un peu là-bas: Gaz de schiste: Les bijoux de la Castafiore. Eh oui, le français québécois est une langue d’oïl, pour le dire très sommairement. Une bonne idée serait de faire un petit lexique des sacres (jurons). Je pense en effet qu’un petit lexique du gaz de schiste s’impose, en français, québécois, anglais et esperanto.

On ne plaisante pas avec le gaz de schiste

Le gaz de schiste n’est malheureusement pas une plaisanterie, ni un cauchemard qui s’éclipsera au matin. Si vous voulez ne pas rire du tout, allez voir Gaz de schiste : colonisation et nazisme.


Sources:

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