Comprendre la loi «fracturation hydraulique» avec Free Goupil30

L’analyse par Free Goupil30 de la Loi scélérate «fracturation hydraulique» votée à l’Assemblée nationale le 11 mai 2011 complète et clarifie ma Brève analyse de la loi interdisant la fracturation hydraulique.

Voici de larges extraits de cette analyse trouvé sur le site de Gaz schiste Provence (voyez la colonne latérale pour voir les derniers articles). Je l’ai remaniée et augmentée par endroits. J’ai aussi fait des rajouts pour les sables bitumeux et j’ai ajouté une conclusion. Merci à Free Goupil30 et à Oly13.

La loi n’interdit pas les permis d’exploration ou d’exploitation des gaz et huiles de schiste

La loi se focalise uniquement sur ceux impliquant «des forages suivis de fracturation hydraulique de la roche». Autrement dit: tant qu’il n’y a que forage, tout est permis. Et au delà, ce n’est que la fracturation hydraulique qui est interdite.

La loi n’interdit pas l’usage de techniques consistant à injecter de l’eau sous pression chargée de produits chimiques

La loi ne rend illégale que «la fracturation hydraulique». Il suffirait de renommer la méthode de fracturation hydraulique en «stimulation de la roche» comme cela se dit déjà chez les gaziers, et ces derniers peuvent reprendre tranquillement leur exploitation! C’est vrai que pour un juriste, tout est dans l’expression, dans la lettre de la loi. Défendre l’esprit de la loi est une toute autre paire de manche.

Un amendement du groupe SRC proposait pourtant d’interdire également «toute autre technique nécessitant d’injecter dans la roche-mère des adjuvants chimiques ou une quantité d’eau importante». Et pas d’explosion souterraine, faible ou puissante car les explosions font des failles par lesquelles s’échappent les matières toxiques que renferment le sous-sol: arsenic, matières radio-actives, cadmium, etc.

Mais c’est le camp de «l’innovation» technologique qui a remporté la manche, suivant l’idée selon laquelle le législateur doit laisser aux exploitants la liberté de développer d’autres méthodes que celle de la fracturation hydrauliques.

La loi n’interdit pas l’exploitation d’hydrocarbures offshores

Le terme «non conventionnels» ayant disparu, les explorations et exploitations prévues au large de la Côte d’Azur ou de la Guyane restent parfaitement légales. La député Christiane Taubira était furieuse à juste titre que rien ne puisse être inclus dans la loi.

La loi n’interdit pas l’exploitation des sables bitumineux

Tombant également sous le terme «hydrocarbures non conventionnels», les sables bitumineux ne sont ni mentionnés, ni visés par cette loi.

On ne sait jamais, les gaziers pourraient bien découvrir cette mane chez nous. Après tout, on en a découvert en Alsace au XVIIIe siècle. Actuellement, c’est essentiellement dans l’État de l’Alberta que l’on dévaste et pollue ces paysages de forêts et de toundra.

En savoir plus: Sable bitumineux. Lisez bien tout et allez lire aussi Sables bitumineux de l’Athabasca:

La région est l’une des plus polluées du pays, avec un taux de cancer élevé8, des pluies acides et une pollution des eaux souterraines et superficielles8.

L’extraction minière des sables bitumineux de l’Athabasca détruit la forêt boréale, les tourbières, les zones humides et les rivières ainsi que le contour naturel du terrain. L’industrie minière de l’Alberta pense que la forêt boréale reprendra sa place sur les terrains restaurés après la période d’extraction, mais aucun terrain n’est considéré comme «restauré» quelque trente ans après l’ouverture de la première mine dans la région du Fort McMurray en Alberta. Les industriels se sont pourtant engagés à reboiser.

De plus, l’extraction d’un seul baril de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta génère plus de 80 kg de gaz à effet de serre (GES) et entraîne le rejet de plusieurs fois son volume en eaux usées dans les bassins de décantation qui ont submergé environ 50 km² de forêts et de tourbières.

Il y a donc des manières d’éviter toute forme de fracturation hydraulique tout en assurant une production pétrolière extrêmement nocive pour l’environnement.

La loi n’interdit pas l’expérimentation de «nouvelles techniques»

La loi prévoit même dans son quatrième article des expérimentations «à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public». Autrement dit, c’est l’État lui-même qui réalisera les tests nécessaires au développement de nouvelles techniques d’exploitation des hydrocarbures non conventionnels. Le Corps des Mines doit se réjouir de son rôle car c’est lui le «contrôle public».

La loi ne met pas en place de contrôle des conséquences écologiques de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels…
Le rapport indiqué dans l’article 4 ne vise qu’à établir un suivi de «l’évolution des techniques d’exploration et d’exploitation et la connaissance du sous-sol français, européen et international en matière d’hydrocarbures liquides ou gazeux».

En clair, il s’agit avant tout de connaître l’état actuel des réserves de pétrole et de gaz, ainsi que les derniers développements techniques disponibles en la matière. Tout ça, certainement, dans la très louable intention d’assurer «la souveraineté énergétique du pays». En clair, reculer pour mieux forer (ou pour mieux exploiter d’une manière ou d’une autre).

Mon grain de sel en conclusion

Pourquoi n’irait-on pas s’amuser à exploiter le charbon comme on le fait dans les Appalaches qui sont parmi les plus anciennes montagnes du monde?

Là on rase les forêts en haut des montagnes, on brûle les troncs (pas le temps de le débiter et d’en faire quelque chose), puis on fait sauter le sommet de la montagne (jusqu’à détruire près de 200 mètres de cette montagne) à coup d’explosifs très puissants, pour extraire le charbon, ensuite on rebouche grossièrement et on jette le trop plein de terre, de rochers, de décombres variés qui sont toxiques par dessus bord dans les vallées.

Les rivières sont ainsi partiellement enterrées et complètement polluées. Les gens vivent dans le vacarme des explosions, la poussière, la pollution de l’air et le danger d’être écrasés par des rocs (un petit enfant a été tué ainsi pendant son sommeil).

L’image du cyclope, elle est là-bas, dans les Appalaches. Vous pouvez regarder ces photos sur le site anglophone Appalachian Voices et voir le désastre dans cet article de Wikipedia qui propose des photos: Mountaintop removal mining.

Heureusement que la loi n’interdit que la fracturation hydraulique (article 1) car il reste tant à expérimenter (article 4). Gaziers, pétroliers et charbonniers, unissez-vous pour l’empire du pire et du désastre.

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