Chier dans l’eau potable

Vous allez aux toilettes et vous tirez la chasse d’eau. Voilà, vous avez chié dans l’eau potable (ou, au mieux, pissé dans l’eau potable). Pas besoin d’être un grand gazier pour faire sa part non négligeable de pollution de l’eau.
De l’eau potable à laquelle des millions de gens n’ont jamais accès, ni depuis un robinet chez eux, ni depuis un robinet commun, à plusieurs centaines de mètres, voire à un kilomètre, voire plus loin encore.

Certes, l’eau potable dans laquelle pissent et chient d’autres millions de gens est pleine d’eau de javel, tant et si bien qu’on peut se demander si c’est encore de l’eau potable. C’est une eau sans bactérie et sans vie, et infecte au goût mais sûrement pas sans danger. L’eau de javel n’enlève pas le nitrate qui pollue nos campagnes, par exemple, et c’est probablement nocif pour la santé d’avaler de l’eau javellisée, plus ou moins diluée selon les époques de l’année.

Que faire? Fabriquez-vous des toilettes sèches. C’est pas cher, pratique, solide, rien à nettoyer, très confortable et facile à déménager. Même des nullités en bricolage comme nous sont capables d’arriver à en fabriquer une. Plus de balai-chiotte, plus de toilettes sales à nettoyer. Juste un seau à vider.

Toilettes sèches au plus simple

Pas de contre-plaqué, pas de vernis pour bateau, pas de charnières, non, faites au plus simple.

Les côtés et le dessus

Nous avons utilisé des lattes de plancher, qui traînaient, pour les trois côtés. C’est très épais et très solide. Nous avons choisi la hauteur qui nous convenait. On peut ainsi faire des toilettes sèches à la bonne hauteur aussi bien pour les enfants que pour les vieillards. Du sur-mesure. Il est aussi possible de placer ses toilettes sèches dans la pièce qui convient, sans se soucier des arrivées d’eau et des évacuations. Vous pouvez même en installer une «dans la cabane au fond du jardin».

Le côté avant est simplement fermé par un petit rideau qu’il suffit de soulever sur l’abattant rabattu, pour sortir le seau proprement.

Le dessus des toilettes sèches est fait d’une planche de récup dans laquelle nous avons découpé l’oval du siège à la scie sauteuse. C’est très facile à faire.

L’abattant

Nous avons aussi acheté un abattant en pin verni, à moins de 15€, dans un magasin de bricolage.
Laissez le couvercle de l’abattant levé car il faut de l’air pour que le contenu se décompose. Ça ne pue pas, non. C’est plutôt l’urine qui risque d’empester si vous ne mettez pas assez de sciure pour l’absorber.

En attendant d’achever la construction de vos toilettes sèches, vous pouvez utiliser un seau avec de la sciure au fond, ou même des tontes d’herbe.

Le choix du seau

Nous avons acheté un seau de 20 litres, de 30 cm de hauteur, bien large en haut (environ 30cm de diamètre), en plastique très solide, avec une anse, dans une quincaillerie à l’ancienne. C’est seulement dans ces vieux magasins traditionnels que vous trouverez des seaux de qualité durable. Le seau est surélevé sur un morceau de bois. Prenez un bon diamètre en haut. Si la hauteur est insuffisante, il suffit de surélever le seau.

La sciure

Le plus compliqué de nos jours, c’est l’approvisionnement en sciure, ce déchet étant devenu une «denrée» qui se vend cher et qui enrichit donc les scieries. Dans certaines cambrousses, on trouve encore des scieries avec des tas de sciure dans lesquels on vous permet gentiment de vous servir. Un énorme sac poubelle de 100 litres dure environ 3 mois pour deux personnes.

Le compost

Quant au compost de toilettes sèches, il ne faut pas s’embêter: quatre palettes font un bon réceptacle. Nous utilisons une moitié, puis quand la moitié est pleine, nous utilisons l’autre et nous recouvrons les déchets d’une ou deux pelletés de la première moitié. Quand tout est plein, nous vidons à la pelle la deuxième moitié par derrière, en tas, et nous utilisons ce tas pour couvrir les déchets, au fur et à mesure. Quand tout est de nouveau plein, nous sortons le plus vieux tas (celui qui est par derrière) sur un bout de terrain: soit il sert comme terreau de plate-bandes pour des fleurs ou comme terreau pour de jeunes arbres, soit il reste en tas, recouvert de paille, jusqu’à un prochain usage. Le tas se tasse bien par lui-même, vous ne risquez pas d’avoir des terrils en 3 ans :-)

Nous mettons tout dans ce compost qui n’a pas la prétention d’être un vrai compost. Il n’est pas du tout adéquat pour un potager car il n’est pas sain avant au moins trois ans, et il n’est pas de bonne qualité car il y a bien plus de sciure que de végétaux. Nous n’avons pas de tonte d’herbe à rajouter et nous y jetons aussi les épluchures d’agrumes, ce qui est incompatible avec la digestion des malheureux vers de terre.

Un seau propre

Le vidage du seau n’est pas rebutant. C’est très vite fait. Un seau de 20 litres ne pèsent pas 20kgs comme si c’était un seau plein d’eau.

Une fois que nous avons enfilé des gants épais de ménage réservés à cet usage pour transporter le seau et que nous avons vidé ce dernier sur le compost, nous le rinçons abondamment, à l’eau de pluie ou à l’eau de la fontaine qui coule toute l’année mais dont l’eau est déclarée par la mairie comme «Non potable».

Si vous manquez d’eau, achetez deux seaux et laissez le seau vide et grossièrement nettoyé avec de la sciure, dehors au soleil ou à la pluie jusqu’au prochain vidage. Le soleil détruit les bactéries. En hiver, deux pelletés de neige sont une bonne manière de nettoyer le seau.

Quoiqu’il en soit, rincez le seau sur le compost ou dans un coin ou dans une canalisation qui ne risque pas de polluer l’environnement ni de souiller des gens, les enfants notamment.

Et si on arrêtait de chier dans l’eau potable?

Si on arrêtait de chier dans l’eau potable, les factures d’eau et d’assainissement pourraient être divisées par trois. L’assainissement des excréments pose un problème de recyclage des eaux en fait insoluble, même avec les plantes et tout ça.

En revanche, les eaux grises sont très simples à nettoyer, même chez soi. C’est d’autant plus simple si vous utilisez des liquides bio pour la lessive et la vaisselle et du savon traditionnel de Marseille et du shampoing bio pour vous laver. On obtient, avec du matériel fait maison, une eau de qualité dit «torrent». Vous pouvez arroser votre jardin avec cette eau recyclée.

J’ai vu un dispositif de nettoyage des eaux grises fait maison mais nous avons le tout à l’égoût sans terrain adéquat et donc pas de bonne raison pour recycler les eaux grises. Un jour, ailleurs.

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