
par Paul Cudenec
Comme je l’ai déjà souligné, un événement perturbateur de grande ampleur comme une guerre sert de multiples objectifs aux criminocrates. [1]
L’un d’eux est d’initier un Reset, une « reconstruction en mieux » de la société qui n’est pas seulement très rentable pour eux, mais qui fait également avancer leur programme autoritaire et industriel à long terme.
Delphine Dulong jette un éclairage intéressant sur ce processus dans un livre qui montre comment la Seconde Guerre mondiale puis la guerre d’indépendance algérienne sont utilisées pour « moderniser » la vie et la politique françaises. [2]
Ce programme est mis en œuvre sur le plan pratique par le biais d’une série de plans d’État, un processus que j’ai immédiatement assimilé à l’industrialisme soviétique, mais qui a également été décrit comme « plus corporatiste que véritablement démocratique ». [3]
Si l’allusion au fascisme semble inappropriée dans un contexte d’après-guerre, il convient de noter que Dulong détecte le début du mouvement de « la modernisation », en particulier dans l’agriculture, dans le corporatisme du régime de Vichy, qui a également lancé un plan décennal. [4][5]
L’objectif de cette modernisation est de compléter le travail accompli pendant la Première Guerre mondiale et d’en finir avec les conceptions et les modes de vie traditionnels français qui constituent des obstacles au contrôle et à l’exploitation des entreprises mondiales.

Tout ce qui est traditionnel, enraciné dans le passé, est ainsi dépeint comme mauvais, démodé, dépassé et en besoin d’être nettoyé par le balai d’acier du « progrès » industriel.
Comme le déclare ouvertement l’un des modernisateurs : « Le conflit essentiel de la France actuelle oppose ceux qui veulent accélérer la modernisation économique, et ceux qui veulent la freiner ; ceux qui veulent mettre la France à l’heure du XXe siècle et ceux qui veulent la maintenir “à l’heure de son clocher” ». [6]
Leur hostilité s’étend à l’accent élevé et non commercial de la culture française (et européenne) dans son ensemble, en particulier par rapport aux États-Unis, louablement orientés vers l’argent.
Un article révélateur de 1953 dans la revue Jeune Patron déclare : « Pour être un guide, en France, dans la domaine des idées, il faut être un clerc, il faut être un intellectuel, il faut être un romancier, il faut être un philosophe. Sartre ou Malraux ont plus d’importance sur le plan de la vie de la France que tous les industriels… En Amérique, le directeur de la General Motors a beaucoup plus d’importance qu’Hemingway. Voilà une grande différence… Ce sont les chefs d’entreprise américains qui ont le leadership politique, ce sont eux qui sont responsables de la nation, ce sont eux qui véritablement inclinent la vie de la nation dans telle ou telle direction… En Amérique, le leadership économique est devenu un leadership politique ; il n’y a de leadership qu’à travers le phénomène économique ». [7]

Le problème pour ceux qui sont à l’origine de cette initiative est que le public français reste attaché à ses anciennes habitudes et ne votera pas volontiers pour des politiciens qui prônent une telle approche.
Ainsi, pour moderniser la vie française, la première tâche consiste à « moderniser » la politique française en contournant le processus démocratique existant.
Cela se fait en transférant le pouvoir des politiciens élus, qui sont encore, dans une certaine mesure, responsables devant le peuple, aux mains de technocrates qui travaillent dans les coulisses.
Pour justifier cette démarche, on prétend que dans le monde nouveau et brillant de l’après-guerre, le pays doit être dirigé par des « experts » guidés non par leur opinion personnelle ou par leur loyauté à un parti, mais uniquement par une froide rationalité – par « la science », comme on le dirait aujourd’hui.
La vérité est bien sûr ailleurs. Ceux qui avancent ce programme ne sont pas plus « apolitiques » que l’organisation du même nom dont le rôle insidieux dans la politique britannique contemporaine a été récemment révélé par Ben Rubin. [8]
Il s’agit simplement d’un programme à long terme qui n’est pas visible pour la plupart des citoyens car il n’est pas présenté comme une question « politique » sur laquelle ils ont le droit d’exercer le contrôle que la « démocratie » leur confère.

La « modernisation » est, comme toujours, décrite comme quelque chose qui doit et va inévitablement se produire, une évolution nécessaire de la société humaine qui avance de pair avec le passage du temps lui-même.
Ses partisans se plaignent en 1953 de l’attachement des Français « à un certain style archaïque de civilisation et une méconnaissance quasi totale de l’évolution technique ».
Ils ajoutent : « Et le dynamisme cède trop souvent le pas devant une certaine tendance à la stagnation, qui l’étouffe ; et il n’est pas certain que le “modus vivendi” qui s’établit à grand peine entre le monde urbain et le monde rural français à certaines époques, se solde finalement par un bilan positif, où le dynamisme dans l’action et l’esprit de progrès l’emporteraient sur la stagnation pratique et le respect des traditions ». [9]
Toutes les vieilles bêtises qui font obstacle à ce glorieux avenir technologique ne conviennent pas et doivent être balayées.
Comme le droit, par exemple. Comme le dit le modernisateur Jean Rivero en 1965 : « Comprenez donc, il y a un Plan, on l’a élaboré, on l’exécute et le droit n’a rien à y voir ». [10 ]
Les planificateurs sont favorables à une loi « souple et adaptable » – une préférence proche des appels du XXIe siècle de Klaus Schwab du Forum Economique Mondiale pour une gouvernance « agile ». [11][12]
La démocratie parlementaire est considérée comme un obstacle à la mise en œuvre rapide de la loi. progrès suivi vers la modernité industrielle – tous ces « interminables débats » ne feraient que trop ralentir le processus. [13]

Il y a, de la part des modernisateurs, « le refus de participer à l’activité politique selon les formes de la démocratie représentative ». [14]
Des manœuvres sont menées pour exercer un contrôle ultime par l’intermédiaire d’une seule personne, le président.
Cela est rendu possible par la crise algérienne qui éclate en 1954 et la grande estime du public pour Charles de Gaulle, figure de proue de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.
Lorsque des pouvoirs présidentiels spéciaux lui sont conférés dans ce que certains appellent « la semi-dictature », il est largement compris que ceux-ci ne s’appliqueront qu’à lui, pendant la durée de l’état d’urgence, et qu’ensuite le pouvoir du parlement sera rétabli. [15]
Mais ce n’est pas le cas et, de plus, en 1962, la constitution est modifiée de telle sorte que, au lieu d’être choisi par le parlement, le président est élu directement par le peuple.
Comme le déclare le journaliste/propagandiste Roger Priouret en 1959 : « Or, nul doute sur le but que souhaitent atteindre les directeurs, les cadres et les ouvriers intégrés : il veulent un exécutif fort et stable en mesure d’orienter fermement l’économie dans le sens du progrès industriel ». [16]

Ce passage à une forme de gouvernement plus autoritaire est une caractéristique clé de la Cinquième République d’après-guerre et ses effets sont encore visibles aujourd’hui, le gouvernement du président Emmanuel Macron faisant passer loi après loi sans vote à l’Assemblée nationale grâce à la clause de sortie « 49.3 » insérée dans le droit constitutionnel français.
Un autre changement important décrit par Dulong concerne la compréhension générale de ce qu’est la politique.
La politique n’est plus décrite comme étant préoccupée par les valeurs, les principes, les idées, l’éthique ou les intérêts du peuple français.
Au lieu de cela, elle est axée sur l’argent – ou « les besoins de l’économie », comme l’a nommé avec euphémisme un modernisateur en 1959. [17]
Un moment clé dans la réorientation de la politique française pour servir les intérêts de Mammon survient en 1960 avec la nomination controversée, au poste de ministre des Finances, de Wilfrid Baumgartner, directeur de la Banque de France. [18]
Le président de Gaulle, en plus d’être nationaliste français plutôt qu’européiste, ne s’intéresse pas trop à l’économie et donc, bien que sa popularité personnelle soit un bélier utile pour transférer le pouvoir du Parlement au président, il n’est pas le leader idéal pour le camp de la modernisation.
Georges Pompidou, président de 1969 à 1974, correspond beaucoup mieux à la nouvelle notion d’un président qui est gestionnaire « compétent » de la priorité « économique », après avoir travaillé pendant de nombreuses années pour la banque Rothschild. Macron a également travaillé pour les Rothschild, comme je l’ai peut-être déjà mentionné ailleurs !

La façon de penser des Français doit changer pour ouvrir la voie aux changements prévus dans leur vie.
Pour y parvenir, une nouvelle équipe doit être mise en place pour remodeler la pensée publique.
Dulong décrit en détail comment un réseau de personnes est créé pour influencer tous les secteurs de la vie française, dans la fonction publique, le monde universitaire et les médias.
Cela me rappelle beaucoup le réseau Common Purpose au Royaume-Uni (tel qu’il a été exposé en profondeur par UK Column) et, en effet, je soupçonne que les mêmes intérêts se cachent derrière. [19]
Dulong dit que cela rassemble des organisations habituellement très éloignées les unes des autres.
« Elle [la planification] constitue en fait un véritable lacis de relations institutionnelles que des liens d’amitié entre les personnes viennent souvent renforcer. Selon l’expression de Pierre Uri, elle peut en cela se comparer à une ‘toile d’araignée” ». [20]

Dulong explique que le réseau comprend de hauts fonctionnaires, des syndicalistes et divers spécialistes des sciences sociales – économistes, sociologues, politologues et statisticiens. [21]
Ils sont sélectionnés pour leur « compétence » technique plutôt que pour représenter l’opinion des Français.
Elle ajoute : « Ils ont pour caractéristique commune d’exercer plusieurs activités à la fois : ils enseignent dans des établissements publics, participent à des organisations de réflexion, collaborent à des entreprises de presses, consacrent une partie de leur emploi du temps à des activités syndicales, de recherches ou de conseil, etc. Ils se retrouvent ainsi à l’intersection de multiples ‘secteurs’ socio-professionnels (administration, université, journalisme, etc) et bénéficient de la sorte d’un surcroît de ressources qui viennent en quelque sorte compenser leur relative marginalité ». [22]
Dulong affirme qu’ils n’appartiennent pas aux même milieux que les générations précédentes de hauts fonctionnaires français – elle cite des recherches montrant qu’ils sont souvent « communistes, protestants ou juifs », ou issus de familles de la classe ouvrière, certains ayant des antécédents dans les professions libérales et d’autres dans le monde des affaires. [23]
Leur passé « politique » est quelque peu flou, beaucoup d’entre eux ayant apparemment fait partie de la Résistance française, bien que comme il s’agit d’un mouvement clandestin, cela ne fasse pas officiellement partie de leur CV.
D’autres ont été impliqués avec le gouvernement parallèle de la France libre à Alger et à Londres. [24]
Ces nouveaux administrateurs sont placés sur la voie rapide pour la promotion et dépassent rapidement les individus plus âgés et plus expérimentés pour occuper des postes clés. [25]
Un groupe important dans ce phénomène est le Club Jean-Moulin, qui se dit explicitement impliqué dans « la lutte pour le pouvoir » et décrit son objectif comme étant de « faciliter l’émergence des nouvelles élites ». [26][27]

Dans un document de 1961 intitulé L’État et le citoyen, en fait son manifeste, il appelle à « la fin des idéologies », une « société égalitaire », la « culture mathématique », « l’esprit scientifique » – la « rigueur » plutôt que « l’intuition » – la « recherche d’une rationalité politique » et un pouvoir politique « efficace » [28]
Une « gauche » contrôlée est une arme importante pour faire avancer le programme de « changement », tout comme c’est le cas aujourd’hui avec toutes les postures « woke » qui renforcent le récit totalitaire de la Grande Réinitialisation.
Dulong écrit que convertir les gauchistes à la cause de la modernisation est un objectif ouvertement déclaré de ces réseaux – le politicien Gaston Defferre écrit : « La gauche d’opposition doit devenir une gauche de gestion ». [29]
Chaque fois qu’un régime – fasciste, communiste ou « démocratique » – veut détruire les structures et les mœurs existantes d’une société afin d’imposer son nouveau modèle, il le fait sous le couvert de « la jeunesse » et la France d’après-guerre ne fait pas exception.
La technique consiste à laver les cerveaux des jeunes pour qu’ils rejettent les moeurs de leurs aînés et à les endoctriner à travailler pour un monde « meilleur » qui correspond à votre propre programme.
Jean Ripert, qui deviendra plus tard haut placé à l’ONU, raconte à Dulong dans une interview qu’il se passionne pour le Plan dans sa jeunesse en lisant un article de journal de Jean Monnet, l’un des principaux planificateurs français. [30]
« J’étais convaincu, comme beaucoup de gens de mon âge, que c’était une idée essentielle. J’associais en effet l’économie libérale au désordre… Mais ce qui m’avait le plus séduit dans cet article, c’était l’expression “la modernisation ou la décadence”.

« Je me disais alors : “Il y a quelque chose qui ne va pas chez nous. On est un pays de vieux, dirigés par des vieux” ». [31]
Ce jeu « générationnel » sert aussi à pousser l’industrialisation de l’agriculture française.
L’un des modernisateurs décrit « une génération fidèle aux normes économiques très proches de celles du Moyen Âge, confrontée, sans préavis, avec une génération extrêmement sensibilisée à l’influence du monde moderne… qui revendique son affiliation au monde moderne ». [32]
Mais quel est l’objectif de toute cette « modernisation » ? Quel est le but de ces efforts ?
C’est de l’argent, bien sûr. Les documents référencés par Dulong montrent clairement que ce qui est en jeu, c’est la « productivité » immédiate et à long terme de la France.
Elle révèle par exemple que le Fonds de modernisation et d’équipement est créé dans le but exprès de « transformer » les fonds publics de toutes sortes en capital productif. [33]
En d’autres termes, certains intérêts veulent remodeler la société afin de pouvoir extraire le plus de richesses possible du peuple français et de son territoire.
L’État français, entre leurs mains, n’est qu’un outil, financé par des fonds publics, pour accélérer leur accumulation de richesse privée.

Parallèlement à la subversion interne des institutions françaises, une grande propagande est déchaînée pour laver le cerveau du public et l’amener à accepter la démolition de sa culture traditionnelle.
Dulong décrit la technique consistant à décrire deux types radicalement différents de la société française, une opposition binaire qui n’invite qu’à une seule préférence.
« L’une “statique”, “immobile”, figée sur elle-même, correspondant à un état du social historiquement dépassé – celui de la France “du XIXe siècle” –, en somme une société “anachronique” ; l’autre, “transformatrice et évolutionniste”, tournée vers le futur, bref, une société “moderne” ». [34]
Il y a aussi un grand effort de propagande pour faire de l’économie la première question politique, avec la publication d’une série d’ouvrages sur le sujet, destinés au grand public.
Dulong remarque : « Tous ces ouvrages s’analysent en fait comme des tentatives de mobilisation, visant à intéresser des ‘profanes’ à la science économique ». [35]
Elle dit qu’il en va de même pour une série de nouveaux revues promouvant l’idée de « la démocratie économique », ce qui équivaut à « la dévalorisation de la représentation parlementaire et la définition d’un nouveau type de leadership politique ». [36]

Les « cadres » des entreprises sont présentés comme une nouvelle classe à laquelle il faut se référer, les voyages d’étude outre-Atlantique se multiplient dans une « remodélisation symbolique de la société » et les sondages d’opinion à l’américaine commencent à jouer un rôle important en France. [37][38][39]
Les frontières entre public et privé sont de plus en plus floues, avec de nombreuses interactions entre chefs d’entreprise et hauts fonctionnaires. [40]
L’État est géré comme une entreprise, au bénéfice de ses parties prenantes privées, tandis que les entreprises privées sont dépeintes comme des organismes bienveillants méritant le soutien de l’État et apportant la prospérité à tous. [41]
La propagande affirme : « Jouant un rôle essentiel au coeur du phénomène d’industrialisation, nos entreprises constituent de plus en plus, pour ceux qui y travaillent, un milieu humain dont dépend leur épanouissement ». [42]
La question de la modernisation et de sa propagande en France est également abordée par Pierre Rimbert dans un livre de 2005.
Il remarque que la modernisation « fut enclenchée après-guerre au nom de l’intérêt général pour ne servir finalement que les intérêts des fractions dominantes de la classe dominante ».
Et il souligne : « Les planificateurs souhaitaient avant tout localiser et détruire les obstacles sociaux à la croissance économique ». [43]

Rimbert cite la déclaration de l’archi-modernisateur Monnet selon laquelle le citoyen français « devait adopter la “psychologie américaine”, c’est-à-dire “une disposition de l’esprit à changer constamment” ». [44]
Il cite également un rapport de 1964 qui appelle à « un effort de réflexion : pour dresser l’inventaire de ce qui disparaîtra nécessairement, pour mesurer le degré de résistance des divers secteurs frappés de désuétude, pour élaborer une stratégie d’élimination ». [45]
Il ajoute : « Les premiers visés furent les petits patrons, les commerçants, les artisans et, surtout, les paysans qui représentaient un tiers de la population active à la Libération ». [46]
La similitude avec le programme Great Reset contemporain est tout à fait frappante !
Rimbert explique que, puisque les premières victimes de cette modernisation sont généralement associées à des visions démodées de « droite », l’assaut contre la vie traditionnelle est présenté comme progressiste et de gauche, même s’il menace par la suite la moyens de subsistance d’une série de travailleurs. [47]
Il se concentre lui-même sur le rôle du quotidien Libération dans cette opération psychologique de « la modernisation ».
Fondé à l’origine en 1973 par Jean-Paul Sartre et d’autres sous le nom de « donner la parole au peuple » en diffusant des informations et des opinions indépendamment des intérêts commerciaux, il est progressivement détourné pour prendre une direction complètement opposée. [48]
En acceptant la publicité et les « actionnaires extérieurs », il adopte de plus en plus une ligne éditoriale qui convient aux financiers mondiaux . [49][50]

Rimbert remarque : « La fusion de la presse dans l’argent conditionne ses contenus plus efficacement que toutes les censures directes, fussent-elles exercées par le propriétaire ». [51]
Le journaliste Serge July, cofondateur de Libération et à sa tête de 1974 à 2006, affirme en 1991 que le journal « s’est situé comme l’organe de la modernisation économique au début des années quatre-vingt ». [52]
Son collègue Laurent Joffrin, qui deviendra plus tard rédacteur en chef, vante en 1993 : « On a été les instruments de la victoire du capitalisme dans la gauche ». [53]
Libération promeut une « deuxième gauche », poursuivant le genre de politique « moderne » de la Troisième Voie adoptée par des gens comme Tony Blair et, comme je l’ai montré récemment, Juan Carlos Santos, administrateur de la Fondation Rockefeller. [54][55]
Il devient obsédé par « l’économie », vante Margaret Thatcher et adopte une position pro-OTAN lors de la première guerre du Golfe et au Kosovo. [56][57][58]
En 2003, l’invasion de l’Irak par les États-Unis et leurs complices se heurte en France à ce que July condamne comme « une hystérie antiaméricaine ».
Il insiste : « “Le monde démocratique a besoin de l’Amérique. Dans la globalisation, les défaites politiques de l’Amérique sont des défaites de la démocratie ».
Et il déplore que la réaction négative à l’occupation néocoloniale de ce pays du Moyen-Orient suscite « un antisémitisme qui se manifeste à visage découvert ». [59]

Dans ce contexte, l’achat officiel en 2005 de la plus grosse part du journal par un financier bien connu, sioniste et impérialiste, ressemble moins à une prise de contrôle qu’à une déclaration publique triomphante selon laquelle l’esprit originel du journal est totalement vaincu. [60]
Le symbolisme est suffisamment fort pour fournir à Rimbert le titre de son livre – « Libération de Sartre à Rothschild ».
Il me semble clair que la mise en scène d’Édouard de Rothschild et toute la propagande diffusée par Libération s’inscrivent dans la continuité du processus décrit par Dulong, dont le livre est d’ailleurs cité par Rimbert.
Cela est confirmé par le fait qu’elle désigne comme « du début à la fin, le maillon essentiel de la chaîne » l’homme politique Jacques Delors, qui deviendra plus tard ministre des Finances puis, en 1985, président de la Commission européenne. [61]
Wikipedia note : « Au cours de sa présidence, il a supervisé d’importantes réformes budgétaires et a jeté les bases de l’introduction d’un marché unique au sein de la Communauté européenne. Il est entré en vigueur le 1er janvier 1993 et a permis la libre circulation des personnes, des capitaux, des biens et des services au sein de la Communauté.
« Delors a également dirigé le Comité d’étude de l’Union économique et monétaire, plus connu sous le nom de Comité Delors, qui a proposé au début de 1989 la création d’une nouvelle monnaie – l’euro – pour remplacer les monnaies nationales individuelles. Cela a été réalisé dans le traité de Maastricht de 1992. » [62]
L’UE n’a toujours été qu’un tremplin vers un État mondial autoritaire et industriel.

Durant la période analysée par Dulong, Delors occupe « une série de postes dans le secteur bancaire et la planification de l’État français » au sein de la Banque de France de Baumgartner.
Ces signes d’un programme mondialo-criminocratique à l’œuvre sont encore renforcés par le fait que Dulong mentionne l’implication dans la tentative d’après-guerre de « changer » la France du Behavioural Sciences Center de Stanford, en Californie, et le financement de l’UNESCO, de la Fondation Ford et de la Fondation Rockefeller. [63][64]
Comme je l’ai démontré ailleurs, cette dernière n’est manifestement rien d’autre qu’une façade pour l’empire industriel et financier des Rothschild et sa tentative malsaine de détruire la vie traditionnelle et les communautés organiques partout dans le monde. [65]
La démarche de la mafia mondiale pour la domination du monde est avancée sous le faux drapeau du « progrès » afin de nous endormir dans une acceptation hébétée de sa prétendue inévitabilité.
Mais nous ne sommes pas obligés d’accepter le sombre avenir techno-totalitaire que la mafia a en tête pour nous.
Si nous parvenons à sensibiliser suffisamment de gens à la réalité effrayante qui se cache derrière cette poussée incessante vers toujours plus de « modernisation », de « développement » et de « croissance », alors nous pourrons tourner le dos à ce camp de concentration industriel et avancer vers un avenir libre et naturel.

[1] Paul Cudenec, ‘Wars, resets and the global criminocracy’, https://winteroak.org.uk/2024/06/10/wars-resets-and-the-global-criminocracy/
[2] Delphine Dulong, Moderniser la Politique: Aux origines de la Ve République (Paris: L’Harmattan; 1997).
[3] J-F Le Calonnec, ‘La planification et le droit’, Economie et humanisme, 140, 1962, p. 40, cit. Dulong, p. 50.
[4] Dulong, p. 19 FN.
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Planification_en_France
[6] M. Duverger, De la dictature (Paris: Julliard, 1961), pp. 41-42, cit. Dulong, p. 226.
[7] L. Salleron, ‘Le chef d’entreprise dans la cité, Jeune Patron, septembre-octobre 1953, pp. 31-33, cit. Dulong, p. 113.
[8] https://riseuk.substack.com/p/dereliction-of-duty
[9] Promotions, 26, 1953, pp. 123-24, cit. Dulong, p. 34.
[10] Jean Rivero; ‘Le Plan et le droit’, dans La Planification comme processus de décision (Paris: A. Colin, 1965), p. 122, cit. Dulong, p. 44.
[11] Dulong, p. 48.
[12] Paul Cudenec, ‘Klaus Schwab and his Great Fascist Reset’. https://winteroakextra.wordpress.com/2020/10/08/klaus-schwab-and-his-great-fascist-reset/
[13] P. Lamour, ‘Mutation de l’esprit critique’, La Nef, 15, 1963, p. 44, cit. Dulong, p. 174.
[14] G. Burdeau, Note préparatoire à la table ronde de l’AFSP de novembre 1960, citée dans G. Vedel, dir, La dépolitisation. Mythe ou réalité (Paris, A. Colin, 1962), p. 12, cit. Dulong, p. 186.
[15] B. Lavergne, ‘Perspectives de politique intérieure française’, L’Année politique et économique, 163, 1961, pp. 343-345, cit. Dulong, p. 224.
[16] Roger Priouret, La République des députés (Paris: Grasset, 1959), p. 251, cit. Dulong, p. 227.
[17] M. Vasseur, Le droit de la réforme des structures industrielles et des économies régionales (Paris: LGDJ, 1959), p. 516, cit. Dulong, p. 48.
[18] Dulong, p. 163.
[19] https://www.ukcolumn.org/series/common-purpose-effect
[20] Dulong, pp. 14-15.
[21] Dulong, p. 11.
[22] Dulong, pp. 17-18.
[23] B. Gaïti, De la IVe à la Ve République. Les conditions de la réalisation d’une prophétie, thèse pour le doctorat en science politique, Université Paris I, 1992, cit. Dulong, p. 18.
[24] Dulong, p. 19.
[25] Ibid.
[26] Club Jean-Moulin, L’Etat et le citoyen (Paris: Seuil, 1961), p. 379, cit. Dulong, p. 199.
[27] Brochure du centre d’information et de documentation, Archives du club J. Moulin, 1CJM7/dossier 7, cit. Dulong, p. 149.
[28] Club Jean-Moulin, L’Etat et le citoyen, p. 409, cit. Dulong, p. 151.
[29] Gaston Defferre, Un nouvel horizon (Paris: Gallimard, 1965), pp. 21-22, cit. Dulong, p. 266.
[30] https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Ripert
[31] Dulong, p. 20.
[32] M. Debatisse, La révolution silencieuse. Le combat des paysans (Paris: Calmann-Lévy, 1963), p. 47, cit. Dulong, pp. 119-20.
[33] Dulong, p. 15.
[34] Dulong, p. 9.
[35] Dulong, p. 63.
[36] Dulong, p. 69.
[37] Dulong, p. 81.
[38] Dulong, p. 78.
[39] Dulong, p. 132.
[40] Dulong, p. 112.
[41] Dulong, p. 106.
[42] ‘L’enjeu de la civilisation industrielle’, Cahiers du CRC, 6, 1961, p. 91, cit. Dulong, p. 108.
[43] Pierre Rimbert, Libération de Sartre à Rothschild (Paris: Editions Raisons d’Agir, 2005), pp. 84-85.
[44] Rimbert, p. 85.
[45] Groupe 1985, Réflexions pour 1985, La Documentation française, 1964, p.104, cit. Rimbert, p. 86.
[46] Rimbert, p. 86.
[47] Rimbert, pp. 86-87.
[48] Rimbert, p. 9.
[49] Rimbert, p. 50.
[50] Rimbert, p. 60.
[51] Rimbert, p. 133.
[52] Serge July, ‘Introduction à Libération 111’, 1991, cit. Rimbert, p. 128.
[53] Cité dans “Les années Libé”, un film de Michel Kaptur, France 2, 2 June 1993, cit. Rimbert, p. 114.
[54] Rimbert, p. 102.
[55] Paul Cudenec, ‘The Single Global Mafia’. https://winteroak.org.uk/wp-content/uploads/2025/01/cudenec-the-single-global-mafia.pdf
[56] Rimbert, p. 112.
[57] Rimbert, p. 55.
[58] Rimbert, p. 116.
[59] Rimbert, p. 116.
[60] Rimbert, p. 63.
[61] Dulong, p. 157.
[62] https://en.wikipedia.org/wiki/Jacques_Delors
[63] Dulong, p. 87.
[64] Dulong, pp. 40-41.
[65] Cudenec, ‘The Single Global Mafia’.
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