[LIVRE – 40 000 mots]
La génétique n’a cessé de s’inspirer et de nourrir les imaginaires néfastes de l’essentialisme, de l’eugénisme, du capitalisme et de la cybernétique. Elle mérite une attention particulière et une critique radicale.
Bien que jouissant toujours d’une puissance dévastatrice (à la fois scientifique, industrielle, financière, symbolique et culturelle), les fondements théoriques de la génétique se sont délités au fil des décennies. Elle nous offre une vision du monde dangereuse, et un cadre de pensée très peu à même de nous aider à comprendre le vivant. Faut-il chercher à la changer, pour essayer d’en faire une science qui fasse sens politiquement ? Faut-il la destituer ou la décentrer ?
Cet ouvrage contient un texte principal et plusieurs annexes. Le texte principal tente de mettre en évidence les liens historiques entre les idées force de la génétique et le contexte politique dans lequel elles ont été formulées. J’ai essayé de l’écrire de manière accessible aux non-spécialistes de la génétique. Les annexes ont, elles, été écrites de manière plus technique et proposent des critiques de certaines notions centrales de la génétique et de la biologie, ou de leur développement en tant que disciplines. J’ai essayé autant que possible de rendre ces annexes indépendantes (c’est-à-dire pouvant être lues séparément de toute autre partie du texte) et non-nécessaires à la compréhension du texte principal.